Chaque homme du village patientait dans l’espoir de la revoir. Les jeunes se pressaient ; les moins jeunes encore davantage. Même les maris, d’habitude si discrets sur leurs passions d’un jour, abandonnaient leurs demeures et leurs dames. Les mères faisaient mine de ne pas regarder pour mieux surveiller les pères. Et toutes les jeunes filles retenaient de leur mieux leurs anciens amants. Mais le succès ne venait jamais car des beautés que Dieu créa, c’était elle la plus admirée. Elle était le centre de toutes les attentions dès qu’elle sortait ; lorsqu’elle ne sortait pas elle l’était tout autant, si ce n’est plus. Tous avaient tentés leur chance et tous espéraient toujours obtenir la faveur de la belle. Elle avait reçu le don, en plus de sa beauté, de faire courir les hommes sans qu’ils ne se fatiguent. Personne ne savait si elle hésitait ou si elle y prenait plaisir. Tout père voulait d’elle pour belle-fille et tout prêtre s’inquiétait des péchés qu’elle pourrait engendrer.

Mais un jour, l’un des prétendants la vit auprès d’une autre en des instants que l’église réprouve. Alors plus personne ne l’aima, et celle qui était admirée de tous, fut rejetée par ceux qui ne pouvaient plus espérer.