Les autres

Quelle longue peine, quelle horrible prison,

Quel sordide cachot, quelle affreuse survie

Nous subissons ici, sans espoir d’évasion.

Quel mauvais coup du sort que celui d’être en vie.

Devant nous, nous voyons les autres s’agiter,

Poursuivant sans cesse ce qu’ils appellent vivre.

Les faux liens, qui dès que l’autre s’est éloigné

Périssent, continuent encore à les rendre ivres.

Croyant être importants et au centre de tout,

Ainsi vont ces groupes, réunis dès l’aurore,

Que nous sommes obligés de contempler partout.

Cette pitoyable masse qui grouille encore.

Certains estiment fort ce nom d’humanité.

Ces illusions auxquelles on nous a laissé croire

Laissent vite la place à la réalité

Et à la déception face à ces fausses gloires.

Mais, le soir arrivé, lorsque ce monde ingrat

Se retire, écartant de nos yeux ces infâmes,

Et que l’heure se fait plus douce entre leurs bras,

Le poids de ce monde disparaît grâce aux femmes.